Des X dans les écoles de jeu vidéo (1/2)
Cette année, pour la première fois, des élèves de l’École polytechnique (X) passent leur quatrième année à l’ENJMIN : Basile de Lamberterie et Aurélien Harcaut. Témoignage !
En résumé, il faut savoir apprendre par soi-même ou au contact des autres !
Basile et Aurélien
L’ENJMIN, c’est quoi ?
L’ENJMIN est l’École Nationale du Jeu et des Médias Interactifs Numériques. Elle se situe à Angoulême et c’est une école publique, dont les frais d’inscriptions sont autour de 350€ ! La formation que nous suivons est le master JMIN que nous intégrons en deuxième année (M2). Le Master est divisé en six spécialités : programmation, graphisme, game design, ergonomie, management de projet, son. Nous sommes tous deux dans la spécialité programmation.
La formation JMIN est considérée comme une des meilleures formations en France dans le domaine du jeu vidéo, et c’est la seule publique. Elle existe depuis une vingtaine d’années, et ses promotions comptent actuellement une soixantaine de personnes.
Comment y accéder ?
Pour postuler aux deux années du JMIN, la procédure est ici [lien]. Du fait de l’accord avec Polytechnique, nous avons la chance de pouvoir intégrer en deuxième année. Pour notre part, nous avons candidaté aux alentours de janvier, en composant un dossier typique (CV, lettre de motivation, portfolio sur nos projets scolaires ou personnels). La sélection a été faite par un jury, sans entretien oral. Nous étions quatre candidats, l’une d’entre nous a préféré faire d’abord une césure aux Gobelins [lien], et nous sommes donc les deux premiers X à rentrer à l’ENJMIN. Pour toute question, contactez Catherine Rolland (catherine@sciencexgame.fr), cheffe de projets de la chaire et enseignante à l’ENJMIN.
En théorie, chacune des six filières pourrait être accessible à un polytechnicien dont le profil correspondrait bien. Néanmoins, le niveau attendu dans chaque filière est élevé, le concours de l’ENJMIN pour rentrer au master est très sélectif, et nous ratons la première année du master. Ce n’est qu’en informatique que la formation de l’X à elle seule vient compenser cette différence. Nous recommandons donc à nos successeurs de postuler pour la filière programmation.
La formation
Durant la deuxième année du master, le plus gros de la formation consiste à effectuer un projet en équipe d’une dizaine de personnes comprenant toutes les spécialités, et qui s’étale sur quatre mois. Avant les projets, qui ne commencent que mi-octobre, puis en parallèle de ceux-ci, nous avons suivi quelques cours ou ateliers sur des sujets assez variés, pas seulement en lien avec le jeu vidéo, mais aussi avec les médias interactifs en général. Après les six premiers mois de cours, il y a bien sûr un stage de fin d’études qui s’étale de mars à août. Des élèves étrangers arrivent comme nous en échange en deuxième année, donc les cours sont dispensés en anglais.
Le projet : La présence de toutes les spécialités sur le projet rend l’expérience comparable à celle d’un studio indépendant. C’est ce projet qu’il est le plus facile de valoriser durant la formation, et c’est la partie de la formation la plus attendue des étudiants. C’est l’occasion de collaborer avec des gens aux profils et aux compétences variées, tout en travaillant sur un projet quasi-professionnel.
Les cours et workshops : Une des choses qui nous a surpris en venant à l’ENJMIN depuis l’X, c’est que nous n’y avons pas suivi beaucoup de cours de programmation dédiés aux jeux. Presque tous les cours propres à chaque spécialité se font pendant la première année du master. Il n’est pas impératif d’avoir déjà touché à un moteur de jeu vidéo comme Unity ou Unreal Engine, mais nous le conseillons très fortement, et il faut avoir fait du C++ car c’est le langage informatique clé du jeu vidéo. En ce sens, les Projets Scientifiques Collectifs [lien] ou le Modal [lien] organisés par la chaire Science et Jeu vidéo à l’Ecole polytechnique constituent une excellente préparation à l’ENJMIN, bien que rien ne soit indispensable et qu’il reste possible de se former aux moteurs de jeu en autodidacte. Vous aurez aussi peu de cours généraux sur la conception de jeux vidéo, ces cours ayant également lieu en première année. Toutefois, contrairement à des compétences de programmation, cela est moins rédhibitoire pour suivre la formation.
Le stage : Nous devons faire un stage de fin d’études à partir de mars dans le domaine du jeu vidéo pour terminer la formation. Une des grandes forces de l’ENJMIN est son réseau d’anciens et sa reconnaissance auprès des studios de jeux. Les anciens sont une source sûre de contact dans les grosses entreprises, ainsi que le relai d’éventuelles offres dans des plus petits studios ! L’ENJMIN organise également des rencontres avec des recruteurs de plusieurs studios, qui viennent sur place faire passer des entretiens dans le but de trouver des stagiaires. Environ un tiers des élèves trouve des stages de cette manière. Basile ira par exemple chez Ubisoft Ivory Tower à Lyon.
L’ambiance
L’école se situe à Angoulême, une ville peu pratique d’accès pour qui n’habite pas à Paris ou dans le Centre Ouest de la France. Il n’est pas aussi simple que ce que l’on pourrait penser de trouver des logements : le loyer n’est pas très cher mais il n’y a pas énormément d’offres pour des étudiants. La ville est mignonne, bien que très en pente. Il y a quelques autres écoles d’art autour et les étudiants de l’ENJMIN sortent régulièrement pour se retrouver dans les bars autour de l’école. Les locaux de l’école sont très bien, il y a une très grande salle de travail qui met dans l’ambiance open space, et il est possible d’emprunter beaucoup de matériel informatique.
Il y a quelques clubs à l’école : ciné-club, chorale, théâtre et club ludiste. Plusieurs événements sont organisés au cours de l’année : quelques grosses soirées étudiantes, et des tournois de jeux vidéo.
Nos parcours à Polytechnique
Basile : À l’X, j’ai fait plusieurs projets autour du jeu vidéo, notamment avec le GameLab. D’abord un PSC d’HSS/INF avec Ubisoft, qui ne m’a pas amené à coder mais m’a fait découvrir pour la première fois le monde du jeu vidéo [lien]. Ensuite, j’ai suivi le MODAL jeu vidéo (INF473J) pendant lequel j’ai découvert la programmation de jeux avec Unity [lien]. En 3A, j’ai suivi le programme d’approfondissement d’info DIAS (Device of Intelligent Autonomous System) ; j’y ai fait un peu de tout (théorie, réseau, IA, crypto…). En seconde période, comme j’avais décidé d’aller à l’ENJMIN, j’ai changé un de mes cours pour toucher aussi un peu plus à l’informatique graphique… Enfin, j’ai fait un stage 3A au GameLab sur Unity qui m’a permis de de m’améliorer et de produire un prototype de [article à venir].
Aurélien : J’ai commencé l’informatique graphique avec le MODAL de modélisation 3D expressive (Marie-Paule Cani), et j’ai poursuivi avec le programme d’approfondissement Image-Vision-Apprentissage. Ayant trouvé les projets de 3A trop théoriques et peu motivants, même ceux qui traitaient directement d’informatique graphique, j’ai décidé de faire une année de césure. J’ai suivi le mastère IDE (Design d’expériences interactives et ludiques) en co-tutelle entre Gobelins et l’ENJMIN [article à venir]. Je n’avais jamais touché au jeu vidéo à l’X, mais j’ai fait des tutos Unity pendant les vacances, et j’ai appris sur le tas par la suite. J’ai adoré travailler sur des jeux vidéo là-bas, et j’ai donc décidé de poursuivre à l’ENJMIN !
Basile de Lamberterie et Aurélien Harcaut
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